Mythes générationnels – Remettre les pendules à l’heure sur la jeunesse d’aujourd’hui

Par Charles-Antoine Lépine (2025-2028)

« Les jeunes sont paresseux et ne veulent pas travailler. » « Les jeunes l’ont bien plus facile que nous. » « Les jeunes ne sont pas fiables et immatures. » Ce sont toutes des phrases que nous avons entendues à notre endroit, basées sur des préjugés et des stéréotypes sans fondement. Il faut remettre les pendules à l’heure et mettre la réalité de l’avant, celle d’une jeunesse forte, résiliente et remplie de talent et d’espoir.

Plusieurs sujets peuvent porter à la frustration et à l’indignation; un de ceux-ci, pour moi, est le dénigrement de la « jeunesse », qui est perpétué dans nos sociétés modernes. Ces idées discriminatoires préconçues sont non seulement fausses, mais aussi remplies de contradictions. C’est pourquoi il est important de défaire ces « mythes » concernant nos générations et de mettre de l’avant cette jeunesse qui défie les normes sociales et qui se démarque avec brio.

Il y a plusieurs idées préconçues à l’égard de la jeunesse dans nos sociétés contemporaines; les stéréotypes et termes discriminatoires n’en sont que quelques exemples. Dans les faits, nous décidons arbitrairement ce qui est considéré comme la jeunesse ou ce qui est « jeune » en soi. Demandez à vos parents, collègues de travail ou même professeur s’ils se sentent jeunes ou vieux. Bon, il est possible que certains vous disent : « Ben voyons, tu me traites de vieux/vieille?! », ce à quoi vous pourrez leur répondre que la question vient de moi, mais vous remarquerez aussi que le sentiment de jeunesse n’est pas strictement réservé aux moins de 20 ans. Par contre, on est rapide à juger notre jeunesse parce que nous n’avons pas l’expérience ou le vécu des générations précédentes, possiblement même parce qu’elles ont vécu le même jugement à notre âge.

Commençons par l’idée que la jeunesse est rendue paresseuse et « lâche ». Cette notion vient d’une idéologie où la valeur d’un individu est le résultat direct de ses accomplissements professionnels, et surtout du temps mis pour accomplir ceux-ci. Il est fréquent d’entendre dire que « dans leur temps », ces personnes travaillaient ou travaillent présentement 50 h à 60 h par semaine et que les jeunes ne veulent plus travailler.

La réalité est que la jeunesse n’est pas paresseuse ni même lâche, mais elle se distingue dans d’autres cercles que le travail, tels que les études, les implications sociales ou même des réalisations personnelles permettant d’avoir des acquis aussi importants que l’expérience professionnelle. De plus, si nous prenons un horaire moyen d’un·e étudiant·e, on parle de 24 à 31 heures par semaine de cours en présentiel, et si on y ajoute les heures de travaux et d’études, qui varient de 2 h à 3 h par cours, on atteint une semaine qui totalise souvent près de 50 h. En plus des heures pédagogiques, plusieurs doivent travailler pour pouvoir subvenir à leurs besoins, surtout dans la situation actuelle où le coût de la vie augmente et les ressources en éducation s’épuisent. Même en simplifiant tout cela, il est juste de dire que nous atteignons bel et bien le fameux 50 h à 60 h de travail par semaine, et possiblement même plus.

Portons maintenant notre attention sur le fameux : « Les jeunes l’ont beaucoup plus facile qu’avant. » Loin de moi l’idée d’effacer le vécu des générations précédentes, qui ont toutes des expériences uniques et leurs propres défis. Dans les faits, la même chose pourrait être dite pour nos générations. Nous nous trouvons dans un monde extrêmement anxiogène, bombardé d’informations en continu et plongé dans un univers numérique sans précédent. Nous avons la constante pression de devoir acquérir de nouvelles connaissances et expériences pour nous démarquer professionnellement, sans quoi nous serons dépassés par d’autres qui ont plus de vécu ou même par l’IA.

Ce qui rend nos générations uniques, c’est la résilience que nous avons face à cette réalité. Malgré l’anxiété et le stress qui nous suivent constamment, nous persévérons et nous nous démarquons dans tous les domaines qui nous tiennent à cœur. Les défis sont forts, mais l’entraide et l’esprit d’équipe nous permettent de nous démarquer. L’exemple parfait de ce concept est le nôtre en TIM : nous avons une communauté forte et interconnectée, que ce soit numérique avec le fameux Discord ou par notre soutien et nos encouragements dans nos nombreux projets. Notre empathie restera notre plus grande force et sera le vecteur de notre avenir.

Dans les faits, notre jeunesse fait face à de grands défis sans précédent. Nous sommes dans une ère numérique où le marché de la dopamine domine, notre attention est drainée par nos appareils du lever au coucher, notre cerveau forcé à être constamment stimulé par les publicités, courtes vidéos et toutes formes de contenu web et numérique. Le coût de la vie est à son paroxysme et les inégalités sociales se font ressentir plus que jamais, et nos générations en souffrent plus que les autres. Si on se recentre sur notre milieu professionnel dans la TIM, nous pouvons y voir aussi d’importants défis qui nous attendent avec la présence de plus en plus importante de l’IA dans notre domaine, qui sera définitivement un enjeu sur lequel nous devrons nous pencher, ainsi que les exigences d’embauche strictes, qui nous demandent de nous investir plus longtemps dans nos études.

Par contre, une des grandes forces de la « jeunesse » d’aujourd’hui, comme mentionné précédemment, est notre résilience face à tous les obstacles qui se trouvent sur notre chemin. Malgré les pressions que nous avons de part et d’autre, malgré notre monde polarisé et anxiogène, nous parvenons à nous frayer un chemin et accomplir nos ambitions et projets. Je vous invite fortement à aller voir les portfolios que nos collègues en fin de parcours ont réalisés pour voir le talent et la détermination de notre jeunesse. Nous avons ce que les autres générations ont de moins en moins : du temps. Notre âge nous permet d’être ambitieux et ambitieuses, de nous investir dans les divers enjeux de notre monde et d’y trouver des portes d’avenir pour en faire un monde à notre image et à celle des générations futures.

Pour clore cet article, j’aimerais que, d’une part, les générations précédentes comprennent les réalités que vivent les jeunes et s’allient à celles-ci pour soutenir leurs projets et construire des sociétés où l’entraide et la solidarité sont de mise. Il faut arrêter de voir notre âge comme un barème qui définit nos capacités et notre valeur dans notre monde, mais le voir comme un signe de vécu différent. Chaque expérience de vie est unique et mérite d’être partagée pour que nous puissions apprendre de celle-ci.

À tous les étudiant·es de la TIM, vous faites partie intégrante de cette jeunesse résiliente et créative. Malgré les défis qui se dressent devant vous, tant dans votre vie personnelle que dans ceux que vous éprouvez ici même au CÉGEP, sachez que vous avez la force de les surmonter et, surtout, vous avez des collègues et amis qui sont prêts à vous soutenir dans vos projets ambitieux.

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